On est tous pareil. L'année dernière j'avais écrit un petit texte utopiste après Charlie, que tout irait bien au final.
Et bien non. Une amie a moi est décédée la nuit dernière. Comme ça. Gratos. Une fille chouette, adorable, enjouée, une geek comme vous l'êtes tous sans doute un peu, sans doute issue de la même pop culture que vous. Et je sais qu'il faut continuer à rire, faire et écouter de la musique, baiser, boire, et donc en synthèse continuer à vivre, mais, ça ne change rien. Dans son cas, c'est fini.
J'avais pour habitude de répondre à la question « les humains sont-ils bons ou mauvais ? » par le tour de passe-passe : « ni l'un ni l'autre, ils sont beaux. » Car je trouvais beaux les gens même dans leurs défauts, leur petitesse parfois, leurs drames. Même les mensonges, de l'auteur foireux qui se fait mousser pour exister à la tromperie pour se sentir vivre, je trouvais ça beau. Les ruptures 'sales', les vannes qu'on balance trop tôt après une catastrophe pour tenter de faire rire ses potes entre deux sanglots, le "haha t'es con/ne" qu'on balance à ces blagueurs incertains; tout ça dégageait à mes yeux une certaine beauté, oui. Comme les petites colères, les ragots en terrasse ou les mensonges pour esquiver les soirées de ce pote un peu chiant.
Car ces choses, gentilles ou viles parfois, restent petites et humaines. C'est ce que je m'acharne à exprimer dans mes BD.
Ce fameux « c'est pas grave » .
Mais quand on se prend une balle en plein Paris en ayant pas dépassé le quart de siècle, là, putain là oui, là c'est on ne peut plus grave.
L'horreur existe. Et à ce moment, nous ne sommes ni beaux, ni intéressants. Je ne pense pas que je puisse répondre à nouveau par mon tour de passe-passe.
Ariane aimait les mêmes BD que moi, on écoutait les mêmes musiques, on avait le même amour pour les madeleines et les discussions de weirdo. C'était une fille chouette, adorable, enjouée, une geek, comme vous l'êtes ici sans doute tous un peu, sans doute issue de la même pop culture que vous.
Tout pareil, je vous dis.
Du gouffre d'où ça me plonge, je pense à sa famille, à la mienne et aux vôtres.
Et je pense fort, très fort à elle.